Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

2018-02-21T11:45:56+01:00

Histoire d'un Allemand de l'Est

Publié par Catherine et compagnie
Histoire d'un Allemand de l'Est

Non non, pas de pâtisserie aujourd'hui ! Je souhaite diversifier un peu mon blog parceque ma place n'est pas qu'à la cuisine ! J'ai donc créé une nouvelle rubrique "littérature" pour vous présenter des livres que j'ai aimés. J'espère que vous apprécierez ce premier article et que vous serez indulgents ; je n'ai absolument pas la prétention de jouer les critiques littéraires !

Titre : Histoire d'un Allemand de l'Est

Auteur : Maxim Leo

Traduction : de l'allemand par Olivier Mannoni

Editions : Actes sud/Babel

Genre : Récit historique et autobiographique

Année de parution en Allemagne : 2009

Il s'agit du récit autobiographique de Maxim Leo, aujourd'hui journaliste à Berlin. Quelques photos sont insérées dans le récit, ce qui le rend encore plus vivant.

Maxim Leo avait 19 ans au moment de la chute du mur de Berlin en 1989. Il retrace 60 ans de l'histoire de sa famille et 60 ans d'histoire tout court. La seconde guerre mondiale, entre un grand père qui a combattu dans la résistance française, et un autre plutôt penché du côté du national-socialisme. La vie quotidienne sous le communisme en RDA, la censure omniprésente, la désinformation, la peur d'être dénoncé pour tout et surtout n'importe quoi. La fidélité aveugle de certains au Parti, la désillusion pour tous. Les situations plus absurdes les unes que les autres. Etre conditionné au point d'avoir l'occasion de "passer à l'ouest", mais de rester là, figé entre deux mondes, devant une frontière invisible, parceque parfois, les murs les plus infranchissables sont dans nos têtes. Quelques mois avant la chute du Mur, l'ambiance change, devient électrique ; il se passe quelque chose. La jeunesse et son désir fou d'autre chose, de découvrir le monde. D'en avoir sa part.

Extrait 1 : premier jour à l'université populaire - printemps 1987

"Notre professeur d'éducation civique se prénommait Ecki, et il tenait à ce que nous l'appelions ainsi. Ecki avait une barbe, de petits yeux tranquilles, il portait des sandales et de grosses chaussettes de laine. Au premier cours, il inscrivit au tableau une citation de Heine :   

" Nous avons grand besoin d'une Allemagne unie de l'extérieur et de l'intérieur." Pendant un cours entier, nous avons discuté de cette phrase qui me paraissait tellement dangereuse que je n'osai pas la recopier dans mon cahier. Je ne m'étais encore jamais demandé si une réunification pourrait avoir lieu un jour. Cela impliquait que la RDA aurait été condamné à disparaître, ce que je ne pouvais pas imaginer. Ecki nous expliqua qu'en philosophie, il était important de penser l'impensable, sous peine de rester constamment bloqué dans le présent.

" Soyons donc des philosophes, pour une fois, et réfléchissons à ce qui pourrait venir après la RDA." Nous étions comme électrisés : aucun d'entre nous n'avait jamais entendu quoi que ce soit de semblable en cours d'éducation civique. Ecki dessina deux colonnes sur le tableau noir. Nous devions lui énumérer tous les avantages et tous les inconvénients de la RDA, tels qu'ils nous venaient à l'esprit en l'espace d'une minute. Bizarrement, seuls les avantages me vinrent alors à l'esprit - il est vrai que nous n'avions jamais cessé de les apprendre par coeur. Les autres réagissaient apparemment de la même façon. La deuxième colonne resta vide.

" Voilà qui semble être un pays parfait", dit Ecki avant d'écrire sous la rubrique "Inconvénients" : Les élèves n'osent pas dire ce qu'ils pensent."

Extrait 2 : Après la chute du Mur

" Quelques semaines plus tard, je suis entré en RDA avec mon passeport de l'ouest. Ce fut une étrange expérience : j'en avais toujours rêvé, mais tout se passait autrement que prévu. La RDA n'était plus là qu'en apparence, et chaque allemand de l'Est pouvait  désormais aussi être un Allemand de l'Ouest. A cela s'ajoutait le fait que ceux de l'Ouest commençaient déjà à me taper sur les nerfs. Ils parlaient de la RDA comme s'il s'agissait d'une zone touchée par une épidémie de choléra. on disait que nous étions corrompus par la dictature, que notre caractère était faible et notre formation insuffisante. Je prenais ça pour moi, ce qui me déstabilisais encore plus, moi qui voulait n'avoir jamais rien eu à faire avec la RDA. Mais il s'installa tout d'un coup, ce sentiment que je n'avais jamais éprouvé auparavant : ce "nous" qui avait eu tant de mal à me venir aux lèvres. Je crois que je ne me suis jamais senti aussi proche de la RDA qu'après son naufrage."

 

    Si cette page historique vous intéresse, je vous recommande chaleureusement de poursuivre  avec l'excellent film " Goodbye, Lenin ! " réalisé par Wolfgang Becker en 2003, avec en acteur principal le non moins excellent Daniel Bruhl (désolée Dany, mon clavier ne me permet pas de mettre un umlaut sur ton u, mais le coeur y est).

 

Bonne lecture les amis, bis bald !

 

 

 

 

 

Voir les commentaires

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
commentaires

Girl Gift Template by Ipietoon - Hébergé par Overblog